Le capitaine Black Jack est l’un des plus puissants et cruels pirates. Personne ne sait comment il arrive à se débarasser de ses ennemis, même les hommes les plus fidèles de son équipage. Mais personne n’oserait jamais lui demander. Il garde ses secrets bien au chaud, tout comme son trésor. Il est craint et respecté. Fort et intelligent. Il sait apprécier autant un bon rhum qu’un corps de femme, mais ne s’attache pas. Jamais. Avec ses longs cheveux emmêlés, son allure nonchalente mais sûr de lui, et ses yeux verts perçants, symbole d’un poison menaçant, il ne laisse personne indifférent. Le bateau est partit depuis plusieurs heures, cap sur la légendaire île du Crâne. Ce que l’équipage ne sait pas, c’est qu’il va falloir affronter les tempêtes, le Kraken géant, les sirènes maléfiques, et les énigmes mortelles pour enfin atteindre le convoité et précieux trésors de l’île. Ce que l’équipage ne sait pas non plus, c’est que le capitaine a tout à fait prévu de laisser la majorité des matelots mourir, pour qu’il s’en sorte. Mais pour l’instant, la mer est encore calme, la nuit est clair, et les matelots fêtent leurs départ pour cette nouvelle aventure.

Les bottes vielles et abimés, le pantalon rapiécé, la chemise sale et le regard brillant, Morgan dansait et hurlait des chansons paillardes avec les autres marins. Première soirée du voyage, première fête sur le pont. La mer était calme, l’air chaud, et les réserves de rhum encore pleines. Morgan buvait comme un homme, se mouvait comme un homme, et blaguait comme un homme. Mais il n’était pas un homme, et personne ne le savait. Personne ne devait le savoir. Affichant fièrement un drapeau pirate en haut du mât, "le Croc du Kraken" était parti pour une nouvelle aventure, à la recherche d’un butin légendaire. Un nom peint en noir sur la coque du navire, aussi connu et redouté que son capitaine. (Je n’ai pas donné de nom au capitaine si tu veux l’incarner. Sinon soit qui tu veux, bien sur.)

Le vent soulevait doucement ses cheveux, amenant une douce odeur de rosée du matin. Rien ne pouvait déconcentrer Naa, cachée entre les feuillages. Son bras ne tremblait pas. Ses yeux ne lâchaient pas sa cible. Patiemment, elle attendait que la biche qui buvait dans la rivière relève la tête. Elle contrôlait son souffle, ses lèvres contre la corde tendue. Elle contrôlait, du bout des doigts, le destin fatidique que portait la pointe de sa flèche. Mais elle ne contrôlait pas tout, et elle le savait. Doucement, silencieusement, elle baissa son arme. Le petit faon rejoignit sa mère, sortant de derrière les rochers, et couru après les poissons, tout excité. Naa se trouverait autre chose à manger. Peut-être un ou deux poissons aussi. Elle n’était plus une enfant, mais ça l’amusait toujours de les attraper directement avec ses crocs. Elle se releva, et... Le coup de feu résonna entre les montagnes, comme un coup de tonnerre. Elle eut à peine le temps de voir la biche et son petit partir en courant, laissant des traces de sang derrière eux, que sa cuisse s’enflamma. Sans comprendre ce qu’il s’était passé, elle se retient à l’arbre, agitant ses ailes pour s’envoler. Mais elle ne put s’empêcher d’appuyer sur ses jambes, et la douleur la fit tomber.

La ville abandonnée s’étendait devant elle, sombre, menaçante. Comme une photo sale et abîmé du monde d’il y a 20 ans. Le bruit de l’averse et le grognement du tonnerre camouflaient le murmure habituel, mais Brynn savait qu'ils étaient là. Des zombies. Par milliers. Prêts à se jeter sur le moindre humain qui passerait. Les bras croisés, le regard perçant, elle était plongée dans ses pensées. Visiblement, aucun bastion humain résistant ici. Elle s’en doutait, elle l’aurait parié. Elle n’avait plus qu'à reprendre sa route demain, toujours seule. Les dernières communautées s’étaitent toutes effondrées petit à petit, et l’humanité était à son crépuscule. La pluparts des humains restants se contentaient de profiter jusqu'à ce que leur heure arrive, sans espoir d’avenir. C’est aussi ce que faisait Brynn. Elle vagabondait, visitant tout ce qu’elle pouvait, tuant les zombies sur son chemin, sans trop savoir pourquoi retarder sa propre mort. Les gens qu’elle croisait quand elle avait de la chance finissaient tous en zombies, mais elle survivait toujours. Elle se battait avec talent, mais elle ne saurait pas dire si c’était une bénediction, ou une malédiction.