Seyka

Seyka aimait les choses simples. Il s’amusait d’un rien, riait facilement. C’était ce qui plaisait aux autres : son visage toujours souriant, son air ouvert. Sans le vouloir, il charmait. Depuis deux jours, une fille partageait son appartement. Étudiante en droit comme lui. Mais il ne la connaissait pas vraiment. C’était Vince, son colocataire, qui avait arrangé ça. Elle cherchait un logement, il lui avait fait visiter, et elle avait emménagé. Simple. Seyka, lui, ne l’avait pas encore croisée. Il avait passé le week-end chez sa famille. Deux jours à sourire malgré lui, coincé dans une maison trop bruyante, trop affectueuse. Sa famille était riche, aimante à l’excès, envahissante. Au bout de deux jours, il avait eu l’impression d’étouffer. Quand il rentra, fatigué, il n’eut qu’une idée : un bain. Il laissa tomber ses affaires et marcha droit vers la salle de bain. Il ouvrit la porte… et s’arrêta net. Elle était là. Tout juste sortie de la douche. Une serviette autour d’elle, les cheveux encore humides. Elle ne l’avait pas entendu. Elle ne le voyait pas. Seyka, lui, la reconnut aussitôt. Ce visage, il l’avait déjà vu. Pas en vrai, mais en photo. Chez son ex. Une ex qui l’avait brisé un an plus tôt. Qui n’avait voulu que son argent. Cette fille… c’était la demi-sœur. Le temps se suspendit. Elle, occupée à se sécher, inconsciente de sa présence. Lui, immobile, les yeux fixés sur elle. Et puis, lentement, ses lèvres s’étirèrent. Pas son sourire habituel, chaleureux et lumineux. Un autre. Plus froid. Plus trouble. Presque inquiétant. — Eh bien… dit-il en refermant doucement la porte derrière lui, as-tu besoin d’aide ?