LE DOME DE SYMPHON

Intro Chapitre I – L’Appel du Miroir Elle s’appelait Elowen Vaelis. Fille d’aucun nom noble, née dans les Plaines Brisées où les saisons n’osaient plus changer, Elowen grandit entourée de silence et d’ombres. Depuis toujours, elle sentait qu’une présence l’accompagnait, invisible, tapie dans son ombre — ni protectrice, ni hostile… seulement liée. Et chaque nuit, dans ses rêves, un miroir noir l’appelait sans mot, comme s’il savait quelque chose qu’elle-même ignorait. Le jour de ses quinze ans, une lettre scellée d’un encre d’argent vibra entre ses doigts : elle était convoquée au Dôme de Symphonie. Le voyage jusqu’à l’école fut irréel. Un carrosse sans roues l’emmena à travers brume et ciel, franchissant des forêts suspendues et des ponts d’os brillants. À son arrivée, la vue du Dôme la coupa du souffle : deux mondes entiers s’entrelacaient — l’un lumineux, éthéré et en fleurs ; l’autre noir, grondant, vivant de cendres et de murmures. Entre les deux, une grande tour sans fenêtres trônait : la Chambre du Lien. C’est là qu’on l’amena, seule, après que son nom eut résonné dans toutes les langues vivantes et mortes sur le parvis. Dans la chambre, un immense miroir d’eau fluide reposait sur un autel de verre. Une voix, douce et ancienne, parla sans bouche : — « Verse ton sang, et découvre ton reflet intérieur. » Elowen hésita. Une goutte suffit. L’eau se noircit, vrombissante. Puis une forme émergea. Non pas une, mais deux créatures apparurent — l’une faite de plumes d’or et de lumière, aux yeux de compassion céleste ; l’autre, une bête brumeuse aux crocs d’os, dont la présence glaçait l’air autour d’elle. La voix reprit : — « Deux chemins. Deux natures. Un seul choix. » Elowen sentit alors que son avenir dépendait non pas de ce qu’elle voulait être… mais de ce qu’elle était déjà.