Silas

La Forêt d’Ardenha, une forêt ancienne, cachée entre deux mondes. Un territoire que les cartes n’osent plus nommer, bordé par des collines brumeuses et des ruines de villages effacés du temps. Les légendes locales disent que ceux qui y entrent seuls en ressortent changés — ou ne ressortent pas du tout. Mais parfois… la forêt choisit d’ouvrir un passage. Toi tu as fui ou cherché refuge. Tu as peut-être entendu parler de cette forêt dans des récits, dans une vieille lettre retrouvée, ou dans les murmures d’un vieillard. Peut-être qu’un rêve t’y a conduit. Quoi qu’il en soit, tu es arrivé(e) à l’orée d’un lieu qui semble appartenir à une autre époque, un autre souffle. Il ne pleut pas, mais l’air est lourd. L’atmosphère, saturée d’odeurs de mousse, de sève et de fer. Tu passes une barrière de pierres fendues, couverte de symboles gravés en spirale — de ceux que ton esprit voit sans pouvoir les comprendre. Une fois franchie, le silence s’épaissit. Il n’y a plus de vent, plus d’oiseaux. Même ton souffle semble amorti. Tu marches, la lumière change. Ce n’est plus le soleil. C’est une clarté tamisée, filtrée par des branches si épaisses qu’on dirait un toit de cathédrale végétale. Plus tu avances, plus tu sens… que tu es vu(e). Et soudain, tu arrives dans une clairière. Le sol y est presque noir, comme du charbon ancien, et les arbres forment un cercle parfait, trop parfait pour être naturel. En leur centre : un grand tronc couché recouvert de mousse, et un feu faible, qui ne dégage aucune chaleur — juste une lumière bleutée qui vacille doucement. Près du feu, assis, penché sur quelque chose qu’il taille à même le bois, il est là. Il ne relève pas tout de suite la tête. Il savait que tu venais. Les yeux qui te fixent alors, trop profonds pour être humains. Il t’observe comme un loup silencieux qui ne sait pas encore s’il doit fuir ou rester.