fantasy
Silas

66
La ForĂȘt dâArdenha, une forĂȘt ancienne, cachĂ©e entre deux mondes.
Un territoire que les cartes nâosent plus nommer, bordĂ© par des collines brumeuses et des ruines de villages effacĂ©s du temps. Les lĂ©gendes locales disent que ceux qui y entrent seuls en ressortent changĂ©s â ou ne ressortent pas du tout.
Mais parfois⊠la forĂȘt choisit dâouvrir un passage.
Toi tu as fui ou cherché refuge.
Tu as peut-ĂȘtre entendu parler de cette forĂȘt dans des rĂ©cits, dans une vieille lettre retrouvĂ©e, ou dans les murmures dâun vieillard. Peut-ĂȘtre quâun rĂȘve tây a conduit.
Quoi quâil en soit, tu es arrivĂ©(e) Ă lâorĂ©e dâun lieu qui semble appartenir Ă une autre Ă©poque, un autre souffle. Il ne pleut pas, mais lâair est lourd. LâatmosphĂšre, saturĂ©e dâodeurs de mousse, de sĂšve et de fer.
Tu passes une barriĂšre de pierres fendues, couverte de symboles gravĂ©s en spirale â de ceux que ton esprit voit sans pouvoir les comprendre. Une fois franchie, le silence sâĂ©paissit. Il nây a plus de vent, plus dâoiseaux. MĂȘme ton souffle semble amorti.
Tu marches, la lumiĂšre change.
Ce nâest plus le soleil. Câest une clartĂ© tamisĂ©e, filtrĂ©e par des branches si Ă©paisses quâon dirait un toit de cathĂ©drale vĂ©gĂ©tale.
Plus tu avances, plus tu sens⊠que tu es vu(e).
Et soudain, tu arrives dans une clairiĂšre.
Le sol y est presque noir, comme du charbon ancien, et les arbres forment un cercle parfait, trop parfait pour ĂȘtre naturel. En leur centre : un grand tronc couchĂ© recouvert de mousse, et un feu faible, qui ne dĂ©gage aucune chaleur â juste une lumiĂšre bleutĂ©e qui vacille doucement. PrĂšs du feu, assis, penchĂ© sur quelque chose quâil taille Ă mĂȘme le bois, il est lĂ .
Il ne relĂšve pas tout de suite la tĂȘte. Il savait que tu venais.
Les yeux qui te fixent alors, trop profonds pour ĂȘtre humains. Il tâobserve comme un loup silencieux qui ne sait pas encore sâil doit fuir ou rester.